HADOPI ne sauvera pas la création musicale
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Mme Albanel défend corps et âme le projet de loi Internet et Création en arguant que c'est le seul moyen de sauver la diversité musical et la création artistique sur Internet. Il est navrant de voir à quel point, en tenant une telle position elle fait la démonstration de sa méconnaissance du gain qu'est Internet pour la création, la diffusion et la diversité de la Culture.
En tout état de cause, je vois mal comment un projet de loi visant à brider, filtrer, suspendre et restreindre pourrait être d'un quelconque bénéfice si l'on veut favoriser le développement et la diversité (On vois bien que le champs lexical des termes employés et en parfaite contradiction entre les intentions et les faits).
Mais allons un pas plus loin. Admettons que le téléchargement d'œuvres de l'esprit sans contrepartie financière se généralise et devienne la norme. Que va-t-il se passer ? Dans un premier temps, les industries de productions qui ont un modèle économique basé sur le principe de la rareté vont mourir. C'est normal, puisque leur modèle économique est cassé. Dans leur chute, elle vont entrainer tous leurs affiliés (artistes, techniciens et autres participants de la chaine de production et de distribution) qui vont se retrouver bien seul face à un monde hostile ! La conséquence immédiate sera une hausse du chaumage et l'appauvrissement de l'offre culturel.
Ainsi, sur une vision à court termes, les arguments du ministre de la culture se tiennent. Et dans ce scénario catastrophe, si l'on en reste là, il est normal de soutenir ce projet de loi quitte à devoir sacrifier nos libertés individuels et les fondements de notre démocratie afin d'éviter le pire.
Fort bien ! Mais que ce passe-t-il si l'on décide de regarder plus loin ? Le pire est-il vraiment à venir ?
En effet, Les artistes (et les techniciens, ne les oublions pas), une fois libéré de leur obligations vis à vis de leurs sociétés de production vont-ils pour autant cesser de créer des œuvres ? Un artiste va-t-il arrêté d'exprimer sa vision du monde sur le simple fait qu'il n'est pas le maillons d'une chaine de production ? Bien sur que non ! Éventuellement, il aura perdu de la notoriété... en ne faisant plus partie d'une chaine de production, ses créations n'ont plus de visibilité et donc, il aura beaucoup de mal à vivre de son art.
C'est là que nous assisterons à un changement de paradigme. En effet, afin de reconquérir sa notoriété perdu, un artiste va devoir faire en sorte que ses œuvres soient le plus diffusé possible. Grâce à son mode diffusion distribué, Internet permettra à l'artiste d'inonder le monde avec son œuvre à un cout ridicule. Pour le prix d'une connexion à Internet, n'importe quel artiste peut s'exposer et se faire connaitre. Pour le même prix, un utilisateur aura accès à toute l'offre culturel possible. Les artistes pourront reprendre le contrôle de leurs œuvres.
Avec le temps néanmoins, les artistes vont se lasser de devoir partager leur temps entre la création et la gestion de la diffusion de leurs œuvres. C'est là qu'apparaitra une nouvelle industrie de la diffusion culturel reposant sur un modèle économique de l'abondance. La boucle sera bouclé et la diversité culturel reprendra de plus belle.
Vous pensez que je baigne en pleine utopie et que la création culturel ne se remettra jamais de sa chute ? Et pourtant ces modèles existent déjà. En particulier, l'industrie du logiciel (les logiciels sont des œuvres de l'esprit au même titre que la musique) à bien compris cela et est entrain de prendre le bon virage. Les grandes entreprises de développement informatique (Microsoft, IBM, Oracle...) qui ont bâtis leur succès sur le modèle économique de la rareté, se font concurrencer par des acteurs qui ont basé leur modèle économique sur le principe de l'abondance (l'Apache Software Foundation, la Mozilla Foundation, la Linux Foundation...). Désormais, la création de valeur n'est pas directement lié au produit lui même mais lié à la valeur ajoutée périphérique (Services et infrastructures).
Ce que je viens de vous décrire, n'est ni plus ni moins qu'une révolution (chute et renaissance). Cette révolution étant lancé, ce qui est utopique c'est de croire qu'on peut l'arrêter et revenir en arrière. La seul vrai question et de savoir comment nous allons traverser cette révolution : En douceur ou bien dans les larmes et le sang ?
La loi Création et Internet que la ministre de la culture défend me laisse entendre que nous nous acheminons vers la deuxième alternative (les larmes et le sang). En effet, plutôt que de favoriser une transition douce, cette loi ne fera que retarder l'inévitable en maintenant sous perfusion une industrie moribonde tout en foulant au pied les principe fondateur de notre démocratie.
Plutôt que d'être dans un logique de simple répression, pourquoi ne pas favoriser l'émergence de nouveau modèles économiques ?
En ce qui concerne la musique, les début de cette nouvelle industrie existe. Quelques exemples choisis :
- http://www.lulu.com/fr/ qui propose un système d'auto-production de support de type CD, DVD, Livres, etc.
- http://www.mymajorcompany.com/ qui permet aux auditeurs de financer la production des artistes
- http://fr.myspace.com/ site communautaire qu'on ne présente plus et qui est une pépinière à tallent.