Chez Jérémie

Chez Jérémie, parfois c'est sérieux, parfois non !

Ubuntu, 6 mois plus tard !

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Il y a 6 mois, j'abandonnais Windows pour migrer sous Ubuntu non sans un certain enthousiasme. Je profite du décès de mon ordinateur de l'époque (4 ans de bons et loyaux services... RIP. J'ai cassé ma tirelire, son successeur est une bête de course de malade accompagné d'un petit satellite trop kawaï !) et de la sortie de Karmic Koala pour faire un petit état des lieux de cette nouvelle vie.

Le bon

C'est robuste

Ce qui est bien avec les distribution Linux quel qu'elles soient, c'est que c'est stable. Ça ne plante jamais et quand par hasard, un logiciel plante, il n'entraine pas le système dans sa chute... même pas l'ombre d'une vague instabilité. Un Linux, ça se redémarre tous les 36 du mois ! Bon en plus, il faut bien reconnaitre que de ce point de vue là, Canonical fait bien la police. Ubuntu est un tout cohérent, testé et éprouvé. Certaines mauvaises langues pourraient me trouver un brin trop enthousiaste, mais les fait sont là : 6 mois d'utilisation et pas un seul problème à l'usage.

En plus de la robustesse, la consommation mémoire du système après démarrage est ridicule (il faut bien avouer que de ce point de vue, l'absence d'anti-virus ça aide) ce qui fait qu'on est immédiatement productif une fois le système démarré. C'est d'autant plus appréciable que j'ai tendance à utiliser des applications lourdes ou demandeuses de ressources systèmes (Eclipse + Firefox avec beaucoup d'onglet ouvert + Lecteurs multimédia)

C'est fiable

Une très bonne choses avec Ubuntu (et Linux en général) c'est la gestion des utilisateurs. Vous pouvez installer toutes les saloperies du monde, il n'y a aucun chance que vous cassiez votre système par erreur. En effet, à chaque fois que vous faite quelque chose qui pourrait avoir un impact négatif sur votre machine, on vous demande systématiquement le mot de passe d'administration. Libre à vous de faire l'opération, mais au moins, vous le faîte toujours en connaissance de cause.

C'est tout de même sacrément agréable de savoir que vous pouvez utiliser votre ordinateur sans avoir l'angoisse de faire une erreur qui va mettre votre ordinateur en vrac. Idem pour ce qui touche au problème de Virus, l'exposition de Linux à ce type de menace étant ridicule en comparaison de Windows, vous avez un poids de moins sur vos épaules.

La sérénité à cout 0, moi je dit oui :D

C'est personnalisable

La grande force (et le grand défaut, attention, teaser, voir ci-après) des systèmes Linux, c'est la liberté de personnalisation laissé à l'utilisateur. Transformer vos petites taches routinières en script automatique est d'une simplicité déroutante... déroutante parce que ça marche et surtout ça marche sans problèmes ! Bien sur, vous pouvez faire cela à l'aide de script bash que vous aurez bricolés vous même mais même sans en arriver là, il est possible de trouver une floppé d'interface graphique pour vous aider sur tout et n'importe quoi.

En outre, la communauté Ubuntu francophone et franchement agréable. Documentation, forum, mailing-liste, "Install Party"... même si comme moi vous êtes un gros noob, on ne vous jette pas de cailloux, au contraire. Pour une entrée en douceur dans le monde Linux, c'est plutôt agréable et sa casse cette image de système pour hyper spécialiste. Mention spécial à la documentation du site Ubuntu-fr.org qui m'a plusieurs fois sortie de la panade lors de mes installations logiciel.

et le moins bon !

Jusque là, c'est que du bonheurs ! Ceci dit, il y a quand même deux gros points noirs qui m'agacent un petit peu.

Les gouts et les couleurs...

Autant le dire tout de suite, Ubuntu c'est moche mais ce n'est pas spécifique à Ubuntu (même si le choix orange, marron sale n'arrange rien). Ce que j'ai pu voir des autres distributions me permet de dire assez sereinement que les bureaux Linux (Gnome ou KDE) sont laids. J'aime pas, j'aime pas, j'aime pas. Ça manque de finesse, ça fait gros patapouf. Les choix typographique sont nuls, les formes sont grossières, les effets manques de subtilité. De ce point de vue là, on est très, très loin de ce qu'offre Windows 7 et Mac OS X. En termes de coolitude du look & feel : Windows 7 c'est cool ; Mac c'est cool ; Linux c'est naze !

D'aucun me diront que si je veux avoir un bureau comme Windows ou Mac, je peux. Effectivement Gnome est hautement customizable de ce point de vue là. Sauf que je n'ai pas envie de passer du temps là dessus. Si je fais le choix d'un système d'exploitation, ce n'est pas pour passer des mois à le personnaliser, mais pour faire tourner les logiciels dont j'ai besoin. L'OS, je ne le fais pas, je le consomme ! D'autant plus qu'après avoir hanté différents sites proposant des éléments pour personnaliser Gnome, je suis extrêmement déçu. Tout ce qui est proposé manque sérieusement de professionnalisme : soit le boulot est à moitié fait, soit ça ne répond qu'à des besoins très particuliers. Bref dans la quasi totalité des cas, il faut faire tout le boulot de finissions si on veut avoir un truc vaguement correcte.

Cette état de fait est d'autant plus étonnant que Linux dispose de tous les éléments techniques pour pouvoir être totalement à la pointe sur les interfaces de bureau (les premiers bureaux à supporter l'accélération 3D c'était sous Linux quand même... et le support natif de SVG par Gnome c'est énorme ça). A mon avis, on atteint là les limites du modèle de développement collaboratif. La création d'interfaces utilisateurs nouvelles ou disruptives ne peut pas être réalisée de manière collégiale. Il faut de véritables personnalités créatives pour proposer et mettre en œuvre des concepts forts. Mais tout le monde ne peut pas être Steve Jobs ! Il faut aussi avoir un certain courage, comme ce qu'à fait Mozilla quand deux illuminés (David Hyatt et Black Ross) ont décidés de trancher dans le vif de la suite Mozilla pour arriver à la simplicité (et à la réussite grand public) de Firefox.

Pour que Linux entre vraiment de plein pied sur le marché du grand public, il faut que cette dimension qui relève de la communication, du marketing et de l'adhésion à un produit soit mieux appréhendée par les assembleurs de distribution. L'interface utilisateur, ce n'est pas (que) une fonctionnalité, c'est (aussi) du ressenti. Canonical, Mandriva et les autres, vous avez toutes les cartes en main... yapluka !

L'enfer de l'installation logiciel

Assez paradoxalement, c'est très compliqué d'installer des logiciels sous Linux. Paradoxal car les utilisateurs de Linux sont les premiers à avoir popularisé la notion de dépôts de logicielles. En utilisant un dépôt, vous pouvez quasiment installer un logiciel en un clique sans avoir à vous soucier de rien. Dans la réalité, c'est en fait un peu plus compliqué que ça. Déjà, il faut faire le trie entre les dépôts officiels de la distribution que vous utilisez et les autres. En suite, il faut faire le trie entre les dépôts stable et instable. Quand vous êtes un utilisateur lambda, déjà là vous trouvez que c'est bien compliqué tout ça juste pour installer la dernière version de VLC (par exemple, c'est du vécu, vois ci-après).

En général, le problème des dépôts, c'est que vous n'y trouvez pas la dernière version du logiciel qui vous intéresse.Il y a toujours un écart, ce qui est plutôt normal puisqu'il faut le temps de mettre les dépôts à jours, ce qui est rarement immédiat. Pire ! Dans le cas des dépôts de Canonical, les applications accessibles dépendent de la version de votre OS... et comment je fais pour passer "officiellement" de Firefox 3.0 à Firefox 3.5 en ayant Ubuntu 9.04 ? Et ben tu te démerdes mon pépère. Personnellement, à un moment j'en ai eu ma claque des dépôts jamais à jours (ou qui ne proposent que des versions trop instables pour être exploitables) et j'ai décidé de reprendre mes vieilles habitudes issus de Windows : Aller sur le site de l'éditeur télécharger directement la dernière version... et la c'est le drame !

Les trois cas de figures suivant sont du vécus et montre bien la difficulté des installations logiciels sous Linux... ou non.

  1. VLC
    La version officielle par Canonical de VLC pour Ubuntu 9.04 est la version 9.x.y (j'ai plus le numéro de version exact sous la main là). La version 1.0 étant sortis cet été, je décide de migrer vers cette version. Sur le site officiel de VLC, il n'existe pas de version compilé de VLC 1.0 pour Ubuntu 9.04. On y parle d'une version possible via un dépôt PPA... je n'ai jamais rien compris aux dépôts PPA, et franchement, je n'ai même pas envie de savoir. Même pas un paquet DEB générique. Après de longue minutes de lecture fastidieuse, je repart dégouté sans mon logiciel : Ubuntu FAIL !

    La même chose sous Windows : J'arrive sur le site, je télécharge l'installeur, je l'exécute... terminé mon logiciel est installé : Windows WIN !

  2. Firefox
    La version officielle par Canonical de Firefox pour Ubuntu 9.04 est la version 3.0.x. Firefox 3.5 étant aussi sortie cet été, je décide aussi de migrer. Cette fois, pas de problème sur le site de Mozilla, directement le lien de téléchargement... d'une archive Tar. Bon ok. Au moins, c'est compilé, c'est déjà ça. Sauf que cette fois, c'est l'installation qui est un cauchemars car il faut tout configurer à la main (surtout si vous voulez garder la structure arborescente des fichiers de profils proposée par Ubuntu). Heureusement, j'ai eu de la chance sur les dépendances des bibliothèques tiers (je n'ai pas eu à m'en soucier) et je n'ai mis qu'une petite heure pour finaliser mon installation en pestant beaucoup contre l'univers en général et Linux en particulier : Ubuntu FAIL !

    La même chose sous Windows : J'arrive sur le site, je télécharge l'installeur, je l'exécute... terminé mon logiciel est installé : Windows WIN !

  3. World of Goo
    Pas de version officielle par Canonical. Il s'agit d'un jeu commercial "closed source" mais disponible en version Linux. J'arrive sur le site de l'éditeur, je paye mon logiciel, j'accède à la zone de téléchargement, je sélectionne le paquet DEB. Une fois le téléchargement terminé, je lance l'installation du paquet... terminé, mon jeu est installé : Linux WIN (et Windows idem)

Résultat des courses, Windows gagne 3 - 1 contre Linux sur l'installation logiciel. Je ne vais donc pas y aller par 4 chemins : je me fiche (presque) comme de l'an 40 qu'un logiciels soit ouvert ou fermer, gratuit ou payant ! Je veux juste ne pas avoir à me faire chier pour installer la dernière version de mes logiciels préférés et je suis près à payer pour ça. De ce point de vue, Linux est un énorme ratage (malgré une offre logiciel qui elle est énorme !). Je salut avec ferveur l'arrivé du "Software Center" sur Ubuntu 9.10, j'espère juste que Canonical fournira des logiciels à jours au moment ou ceux-ci sortiront, peu importe la version de Ubuntu que j'utilise.

Conclusion

Malgré les deux réserves que j'ai émis, je suis enchanté par Ubuntu et je n'envisage pas de changer de système (même si en ce moment je regarde ce qui se fait du coté de la distribution Linux Mint qui n'est jamais qu'un repackaging d'Ubuntu). Par contre, je ne me vois pas recommander Ubuntu (ou n'importe qu'elle autre distribution Linux de ma connaissance) à mes parents. En effet, même si Canonical fait des efforts conséquents pour rendre Linux accessible au grand public, on est bien loin d'un OS réellement convivial pour les gens qui se fichent totalement de ce qui ce passe sous le capot. De ce point de vue là, Apple et Microsoft ont plusieurs longueurs d'avance. Linux reste un OS d'ingénieurs fait pour des ingénieurs. Il manque une certaine "magie" nécessaire pour les non-initiés... le monde du libre cherche encore son Steve Jobs et malgré ses efforts, Mark Shuttleworth, et loin d'avoir sa stature et son charisme (mais peut être son ambition ;) ).